Dimanche 12 novembre 2006 à 16:21

Prise d'une frénésie d'article, ce week-end. Je sais pourquoi, je pète la forme, j'ai envie de danser, de chanter, de casser la gueule à Eragonne (OK j'arrête)...

Donc je vous livre mon petit tripe mélodramatique du moment, extrait de..bah de la XIIIe Reine.

(Les mots en couleur sont des noms très provisoires)

   Une poignée de mètres avant le choc, les soldats dégainèrent leur grivh. Un bruissement se répéta à l'infini alors qu'ils les mettaient en position de marche. Les boucliers fonctionnaient selon le même principe. 

   Soudain, un mouvement de panique parcourut les rangs. Un homme se précipita vers les officiers.

-          Les grivh, souffla-t-il, ils…ils ne marchent plus !

-          Quoi ?!

-          Ils se sont éteints…en même temps que les boucliers…

   Interdit, Florens détacha le sien de sa ceinture, et l'enclencha.

   Rien.

-          Est-ce que nous avons d'autres armes ? s'enquit-il précipitamment.

   Blême, le colonel branla la tête en signe de dénégation.

-          Par les dieux…il faut reculer !

-          Nous n'avons pas le temps, répliqua un jeune capitaine.

   Désemparé, Florens se tourna vers le soldat, qui attendait nerveusement.

-          Courrez le plus vite possible. Allez prévenir le reste de l'armée.

   L'homme hocha la tête et prit ses jambes à son cou.

-          Vous, reprit le Prince à l'attention d'un officier, allez demander à Lia de nous protéger pendant que nous battons en retraite.

   Des cris retentirent, loin devant eux.

   Voyant que le gradé n'avait toujours pas bougé, Florens réalisa qu'il ne savait à qui il devait faire sa demande.

-          La Reine d'Enym Arnen ! Vite !

-          Que devons-nous faire ? demanda anxieusement le colonel.

   Les soldats commençaient à reculer d'eux-mêmes, effrayés par les hurlements indistincts qui s'élevaient des premières lignes. Florens serra les poings en essayant de faire abstraction de la rage née de l'impuissance qu'il ressentait.

-          Donner l'ordre de retraite avant de perdre le contrôle de nos troupes. Sauver nos vie.

 

g

 

   Les soldats angéliques qui n'avaient pas été préposés à la coordination étaient restés derrière le gros de l'armée, attendant que leur aide soit requise.

-          Je trouve terriblement angoissant de ne pas savoir ce qui se passe, soupira Onatel.

-          Rien ne nous empêche d'aller voir.

-          Aucun de vous ne bougera tant que personne ne nous l'aura demandé, tonna Balléan. Nous pourrions interférer avec la magie des sorcières.

-          Et Maëllia Leilan nous en voudrait beaucoup, ajouta finement Uhalice.

-          Ce n'est pas très grave, elle nous pardonnera si on envoie Enéïs, railla Onatel.

-          Vous êtes priés de garder vos remarques spirituelles pour vous, décréta l'Ange en question.

-          Allez, avoue…

-          Avouer quoi ?

-          Qu'elle te rend dingue.

-          Je ne vois pas de quoi tu parles.

-          En même temps, je te comprends…elle si belle…si intelligente…si ensorcelante…

-          Tellement captivante et si douce…renchérit Uhalice avec une ironie impalpable.

   Ledit Enéïs avait beaucoup de mal à s'empêcher de rougir.

-          Nous sommes amis, point.

   La jeune génération angélique (c'est-à-dire les moins de deux milles ans) s'amusait bien. Alors que les plus vieux, eux, ne trouvaient pas ça drôle du tout, et préférèrent s'éloigner, laissant leur Prince dans une grande détresse.

-          Mensonges et tromperies ! J'ai bien vu la façon dont tu la regardes, s'écria Métamnon.

-          Est-ce que tu l'as déjà embrassée ?

-          Nous savons tous que tu as failli l'épouser, quand tu étais en Avenin, déclara Onatel en guise de justification à l'incongrue demande.

   Le silence se fit pesant, très pesant. L'intéressé cherchait un moyen de se sortir de cette galère.

-          J'admets que j'ai demandé sa main à son père. Mais c'était avant de savoir qu'elle hériterait du trône d'Enym Arnen. Quant à savoir se je l'ai embrassée, ça ne vous regarde pas.

-          Ah ah ! Tu ne nies pas !

-          Oh vous me saoulez. Trouvez-vous une personne qui vous racontera sa vie amoureuse.

-          Tu es la seule personne qui ait une vie amoureuse dans le Troisième Monde, Enéïs, remarqua Métamnon, un soupçon de mélancolie dans la voix.

   C'était malheureusement l'évidence même. Un instant de silence douloureux plana sur l'assistance.

-          D'accord…je reconnais les faits. Je l'ai embrassée.

   Un mouvement d'amusement parcourut le cercle et de nombreuses claques anéantirent momentanément la sensibilité du dos de l'heureux soupirant.

-          Est-ce qu'elle embrasse bien, au moins ?

-          Essaie, tu verras.

-          Si galamment proposé…

   Ç'aurait pu dégénéré si un de leurs congénères n'était pas arrivé.

-          Les Aséas ont trouvé le moyen de mettre les grivh hors d'usage. Les premières lignes sont désarmées et sans défense, annonça celui-ci.

-          Ils vont se faire massacrer ! s'exclama Balléan

-          Ils battent en retraite, et les Séas essaient de les protéger, mais ils ont déjà perdu pas mal d'hommes.

-          Que sommes-nous sensés faire ?

-          Il nous faudrait des armes mais…à part les Hauvnor et les archers, nous portons tous des armes qui fonctionnent avec les cristaux…

-          Les sorcières peuvent nous défendre pendant que nous trouvons une solution, dit Onatel.

-          Non, le contredit Enéïs, les Aséas s'empresseraient de les attaquer, elles ne peuvent pas à la fois se battre et protéger les hommes.

-          Messieurs, je crois que c'est l'heure de nous rappeler au bon souvenir des Aséas, déclara Balléan.

-          Et avec quoi allons combattre ?

-          Les Hauvnor ont toujours des tonnes d'armes en tout genre sur eux. Avec leur aide, nous pouvons retenir nos opposants quelques temps.

-          Ils vont tous y laisser leur vie, remarqua Métamnon.

-          Si nous ne le faisons pas, ce sera toute l'armée qui y laissera la sienne, rétorqua Balléan.

-          Il nous faudrait des renforts… murmura Enéïs. Que quelqu'un rentre à Elesta demander à mon père qu'il nous envoie de l'aide et vite.

-          Le temps d'atteindre les autres cités, cela prendra des jours, objecta Uhalice.

-          Alors qu'il vienne lui-même ! s'écria le prince avec humeur. Qu'il assume son rang au lieu de rester enfermé dans son palais comme un lâche.

   Les autres échangèrent des regards embarrassés. Le peuple angélique avait une tendance avérée à idéaliser son roi, et les douces remarques de son fils n'étaient pas vraiment faites pour les conforter dans leur idée.

   Uhalice se dévoua pour regagner le Troisième Monde pendant que ses congénères allaient se fournir en armes auprès des Hauvnor. Dans un tentative désespérée, ils se portèrent à l'encontre de la vague qui emportait peu à peu les premières lignes.

 

g

 

   Des exclamations de surprise et d'émerveillement tirèrent la reine d'Enym Arnen de ses pensées. Elle remarqua que ses proches avaient les yeux rivés au ciel. Les imitant, elle vit que les anges passaient au-dessus d'eux. C'était magnifique, toute cette lumière…Auxence devait être parmi eux. A cette pensée, le cœur amoureux de Lia se serra. La peur qu'il lui arrive quelque chose était plus forte que toutes les assurances qu'il avait pu lui donner.

   La garde s'agita soudain.

-          Que se passe-t-il ? s'enquit-elle avec une pointe d'irritation.

-          Un homme qui veut vous voir, votre Majesté. Un officier avénois.

-          Amenez-le.

   L'homme s'inclina devant la reine, et dit précipitamment :

-          Nos armes sont hors d'usage, les premières lignes sont désarmées. Le Prince Florens vous demande d'assurer notre protection pendant que nous battons en retraite.

-          Qu'est-ce que mon frère fait en première ligne ? s'indigna Lia.

-          Je l'ignore votre Altesse.

   Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux un instant.

-          Yvoikelza ?

-          Oui ma Reine ?

-          Nous allons attaquer les Aséas. Faites avancer nos troupes. Usage libre de nos pouvoirs.

-          Libre ? Mais…

-          Faites ce que je vous dis, Yvoikelza.

 

g

 

   Tout allait de mal en pis. Poursuivies par les troupes des Aséas, les bataillons de premières lignes ne pouvaient gagner la relative sécurité du reste de l'armée. Dans la panique, le commandement perdait peu à peu de son contrôle sur les hommes.

   Sur un ordre du colonel, qui avait repris ses fonctions, une bonne garde avait été établie autour du Prince Héritier.

-          Si mon père apprend que je suis là, il me tuera de ces mains, commenta celui-ci. Bien qu'il soit fort probable qu'il n'ait pas besoin de le faire…

-          Regardez ! cria quelqu'un, sur la droite.

   Toutes les têtes se levèrent en même temps.

-          Les Anges…souffla Florens.

   L'un d'entre eux se détacha du flot, et se posa devant les officiers sidérés. C'était Auxence.

-          Les Hauvnor arrivent, annonça-t-il. Nous allons tenter de les retenir.

   Il s'adressa ensuite à Florens en particulier.

-          Si tu veux un conseil, cours le plus vite possible. Si tes parents ou ta sœur apprennent que tu étais en première ligne, tu vas passer un sale quart d'heure.

-          Merci de ton soutient.

-          Si ça peut te rassurer, elle m'en voudra autant.

-          Est-ce qu'elles vont nous aider ?

-          Elles sont en marche. Il faut que ton armée les laisse passer.

-          Colonel, ordonna Florens en se tournant vers l'intéressé, faites passer le message. Dites à nos hommes de courir vers l'extérieur des lignes.

-          De courir ? reprit l'homme scandalisé.

-          Utiliser un autre mot si ça vous fait plaisir, mais obéissez.

 

 

 Chapitre Trente

 

Au bout d'un très court laps de temps, l'air se trouva saturé. Des odeurs, du bruit, de la lumière, de chaleur, d'humidité. L'utilisation libre des pouvoirs qu'avait ordonné Lia ne suffisait pas à contenir la marée humaine qui les submergeait, pas plus que les combats acharnés des Anges et des Hauvnors.

   Incapable de soutenir le spectacle de son peuple décimé, Lia tourna le dos au carnage. Son sang bouillonnait de rage et de haine, son cœur battait à tout rompre à son côté. A chaque instant, il lui semblait sentir dans sa propre chair le trépas d'un autre des ses sujets. Elle qui était si puissante, elle était désemparée devant la traîtrise des Aséas.

-          Il faut que je les aide…il faut que je les aide…

   A toute vitesse, des hypothèses invraisemblables traversait son esprit alors qu'elle passait en revue tous les pouvoirs que lui avait légué ses pairs. Aucun ne semblait convenir. Et le sien… elle ne le maîtrisait pas.

« Nous ne pouvons pas les regarder mourir sans agir. ».

   La si jeune reine d'Enym Arnen se tourna vers ses Gardiennes, et s'aperçut qu'un brouillard épais se répandait à présent sur le champ de bataille. Surnaturel à n'en pas douter. Eh bien tant mieux, cela arrangeait ses affaires. 

   Aussi silencieusement qu'elle le put, Lia se glissa au dehors de l'étroit anneau de protection qui visait à garantir sa sécurité. Un curieux sentiment s'était emparée d'elle, un calme qui ne lui était pas familier, et qu'elle se savait étranger. Les reines d'Enym Arnen semblaient être en mesure d'influer sur elle et ses décisions, et cette sérénité en était le plus flagrant symptôme. Impavide, elle avança jusqu'à l'endroit où les armées se confondaient, où les limites qui définissaient son bien et son mal se chevauchaient. Sa fureur ne connut plus de borne lorsqu'elle constata que les Aséas n'étaient pas présentes. Ces couardes se cachaient derrière leurs troupes.

   Un cri déchirant attira alors son attention. Effarée, elle vit un ange lâcher son arme et se laisser tomber sur le sol, les mains crispées sur ses oreilles, comme si ce qu'il entendait lui était insupportable. Puis, un à un, ses congénères l'imitèrent, permettant aux soldats ennemis de s'attaquer directement aux mortels.

   « Elles ont trouvé le point faible des anges… Auxence… »

-          C'en est trop !

   La voix résonna comme une sentence d'un bout à l'autre du champ de bataille. Etrangement chorale, effroyable pour les Aséas qui l'entendirent.

  Lia n'avait désormais plus conscience des ses actes, seulement de la brume qui envahissait son esprit, à mesure qu'elle perdait le contrôle de son corps.

 

g

 

   Sans comprendre vraiment, Auxence observa ses compagnons au sol. Que se passait-il ? Que leur arrivait-il ? Et pourquoi lui-même n'était pas atteint ?

   Puis une voix résonna à ses oreilles, une voix qui ne lui était pas totalement inconnue… Il se retourna.

   Et son cœur cessa de battre.

   Lia, sa Lia, était là, debout au milieu des combats.

   Il n'avait pas fait un pas que, dans un éclair, un mur éblouissant se dressa devant lui. L'armée ennemie était massée de l'autre côté. Lia aussi.

   Un instant plus tard, les anges prostrés au sol se relevèrent, un peu ébranlés.

-          Qu'est-ce qui s'est passé ?

-          Je ne sais pas…

-          Ce bruit…C'était intenable…

   Auxence, quant à lui, avait des préoccupations bien plus importantes que de savoir ce qui était arrivé à ses congénères. Il s'avança avec précaution jusqu'à la barrière translucide et miroitante qui les séparait de leurs ennemis. Il tendit la main pour en éprouver la solidité (bien que, au fond de lui, il sache que c'était peine perdue : il ne pourrait pas traverser) puis se ravisa. Etait-ce sans danger ? La magie n'était pas sensée l'atteindre mais…

   A bas la prudence. Lia était là-bas, toute seule face à une armée.

   Il s'appuya de tout son poids sur la barrière, qui, bien sûr, ne bougea pas d'un pouce. De rage, il flanqua un coup de pied dedans, avec pour seul résultat une douleur intense au niveau du gros orteil.

   Autour de lui, le murmure enflait, rumeur d'incrédulité venant aussi bien des mortels que des sorcières et des anges. Certains s'approchèrent et, l'imitant, posèrent une main sur l'étrange mur.

-          Mais qu'est-ce qui se passe ?

 

g

 

   Sans comprendre comment, Lia étendit son pouvoir sur l'armée craintivement assemblée devant elle. Elle sentait les peurs des ses opposants prendre corps dans son esprit.

   …non…

   Elles voulaient l'utiliser sur l'armée… L'énergie nécessaire à une telle chose serait titanesque. Dans la confusion de ses pensées, Lia sentit une peur irréfrénable s'emparer d'elle. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle n'était pas assez forte.

   « Non… Je ne veux pas mourir… Je ne peux pas… »

   C'était inutile, elles avaient pris leur décision. Et déjà les volutes de fumée noire se répandait autour d'elle.

 

   g

 

    Avec une horreur sans borne, Auxence vit disparaître leurs ennemis sous l'inquiétant nuage noir. Il savait que Lia ne maîtrisait pas son pouvoir. Elle s'était évanouie quand elle s'en était servie sur le Père Jean.

   Un cri de rage l'arracha à la contemplation du désastre. Les Gardiennes du Trône d'Enym Arnen se tenaient là, Yvoikelza en tête. Laquelle avait l'air en désaccord avec la tournure des choses.

-          Mais qu'est-ce que cette gamine a dans la tête ? rugit-elle.

   S'approchant, Auxence entendit Gdeliz répliquer calmement que Maëllia Leilan devait être en train d'essayer de leur sauver la vie. S'en suivit un chapelet de jurons, puis il intervint :

-          Que pouvons-nous faire ? s'informa-t-il.

-          Rien hélas.

-          Rien ? Vous ne pouvez pas détruire ce…truc ?

-          Aucune d'entre nous n'en est capable.

-          Vous êtes des sorcières oui ou non ?!

-          Mais pas des reines, Enéïs. Maëllia Leilan fait actuellement des choses qui sont théoriquement impossibles.

-          Vous voulez dire que nous devons rester là à la regarder ?

-          Oui.

-          Si elle meurt, je vous en tiendrais pour responsable, déclara Auxence.

-          Si ça peut vous faire plaisir.

   Ils n'eurent guère le temps d'en dire plus. Un concert de hurlements retentit alors de l'autre côté du « mur ». Des cris terrifiés, implorants, insoutenables.

   Un temps infini passa ainsi, jusqu'à ce que, soudainement, le mur ne disparaisse.

   Dans la brume noirâtre qui flottait, Auxence se précipita pour retrouver Lia. Elle était allongée sur le sol, inconsciente. Il s'agenouilla à ses côtés, et réalisa qu'elle ne respirait plus. Avec un profond sentiment d'irréalité, il chercha son pouls.

   Les secondes passèrent, interminables.

   Et puis le battement presque imperceptible d'un cœur. 

   Les Gardiennes le rejoignirent, alarmées.   

-          Elle est… ?

Par madly le Lundi 13 novembre 2006 à 19:04
Whoo-ooo! Whoo-ooo! Shake, shake, shake, shake it!
Par anotherworld le Lundi 13 novembre 2006 à 20:21
...???
Par anotherworld le Samedi 18 novembre 2006 à 20:53
j'ai compris, c'est living thnigs !
 

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